Kirghizstan

Dans les rues de Bichkek

Au jeu des capitales centre-asiatiques, Bichkek est la première tirée en 2017. La première dont on établit la connexion pays-capitale. La première placée à peu près correctement sur la carte. La première, aussi, à nous faire rouler en marshrutka (minivan) et celle qui avant toute autre nous initie aux fondamentaux de l’urbanisme soviétique : artères rectilignes, microraïons et blocs de béton brutalistes.

Entre les quatre semaines kirghizes de 2017 et les trois de 2019, on fait à Bichkek l’équivalent de quatre passages, deux allers-retours, une dizaine de jours sur place et pas une visite si on exclue l’incontournable virée au Bazar d’Och et la montagne d’abricots, de kuruts (billes de fromage sec) et de « babue » (fèves séchées, grillées) fourrée par poignée dans le sac à dos.

Kuruts bazar d'Osh Bichkek

Bichkek n’est pas du genre à provoquer fièvre exotique ou soupir envieux. Pas de celles qui font tourner les têtes. Pas Bangkok, pas Samarcande ni aucune destination susceptible de déclencher une avalanche de cœurs sur un fil Instagram. Bichkek n’a pratiquement rien à vendre, aucun patrimoine historique à mettre en avant, rien à placarder le long des couloirs des aéroports. Pas le moindre label Unesco à exhiber.

Une page et demie de points à cocher sur le Lonely Planet tout au plus : Musée National des Beaux-Arts, Place de la Victoire, Place Ala-Too, parc Dubovyi/Panfilov, Bazar d’Och.

On comprend vite, au fond, qu’on ne visitera pas plus Bichkek queTachkent. Que Bichkek, finalement, ne se visite pas.

Théâtre Bichkek Kirghizstan
Bâtiment néo-brutaliste Bichkek Kirghizstan

En revanche on y vit, et pas plus mal qu’ailleurs !

Se mettre à l’heure bichkekoise…

… tient à peu de choses. Traverser les parcs et les immenses avenues ombragées. Suivre les couples et les familles sur la place Ala Too à la tombée du jour. Boire des coups, dans un pays où l’islam se décline de bien des façons. Alterner manti, laghman, beshbarmak et pizzas, restaurants et cuisines partagées des guesthouses. Écumer les rayons sucreries délirants des centres commerciaux et marquer l’arrêt devant les stands de « shoro » 1« shoro », « salé » en kirghiz : boisson fermentée à base de blé ou de millet, principalement commercialisée par la marque « Shoro » – dont le logo est une grosse tête d’aviateur moustachu. installés sur les trottoirs de la capitale, la grosse tête d’aviateur moustachu apposée sur tous les cubis rouge (« maksym ») et bleu (« chalap ») du pays fonctionnant comme un aimant dans la chaleur estivale.

Place Ala Too Bichkek Kirghizstan

Ici et là : déambulation dans les rues de la capitale kirghize

Ce sont les Russes qui ont façonné Bichkek au XIXe siècle, et les soviétiques qui ont consolidé la physionomie de la cité. Comme toutes les grandes villes post-soviétiques, Bichkek (« Frounzé » entre 1926 et 1992) a son lot d’architecture (néo-)brutaliste. À l’écart du centre-ville, dans la périphérie occidentale de Bichkek, le projet Interhelpo offre un regard décalé sur les « grandes heures » de l’ex-URSS : celui d’une utopie communautaire qui vit débarquer en 1925 au Kirghizstan plus d’un millier d’ouvriers tchèques et slovaques, venus construire un « socialisme international ». Si l’histoire vous intéresse, Bishkek Walks propose des visites guidées du quartier ainsi que des tours dédiés au « soviet street art ».

Vous trouverez également une proposition de balade consacrée à l’urbanisme soviétique sur le site de Time Travel Turtle, ainsi qu’un article assez complet sur le sujet sur le blog Going the Whole Hogg. Enfin Bichkek, comme Och et toute une partie de l’ancien bloc de l’Est, a conservé certaines de ses mosaïques murales : partir à leur recherche est un moyen original de découvrir la ville.

Quitter Bichkek à la journée : Ala-Archa

Sur un ou deux jours, le parc national d’Ala-Archa, situé à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale, offre de fantastiques possibilités de randonnée. Deux départs sont possibles depuis le refuge de l’Alplager :

  • le chemin de gauche, en direction de la cascade d’Ak-Sai (2 heures/2 heures 30 aller), du glacier du même nom et du refuge Ratsek posé un peu plus haut ;
  • et le sentier de droite, longeant la rivière en fond de vallée (Ala Archa River Trail).

Pour les marcheurs les plus expérimentés, une option intéressante consiste à dormir au refuge Ratsek, avant de grimper le lendemain matin au sommet du mont Uchitel (4 500 mètres).

Pour rejoindre Ala Archa, grimpez dans la marshrutka #265 au départ du Bazar d’Och, faites vous débarquer au péage marquant l’entrée du parc puis récupérez un taxi ou faites du stop pour parcourir les 12 km restants. Autre option : filez directement en taxi depuis Bichkek jusqu’au refuge de l’Alplager, d’où partent les sentiers de randonnée. Comptez 450 soms de droit d’entrée par véhicule pour circuler à l’intérieur du parc, 80 soms par personne si vous n’êtes pas véhiculé (cad, si vous quittez la marshrutka au péage). En négociant un taxi à l’hôtel et en s’entassant à cinq à l’intérieur, on s’en est tiré pour 480 soms par personne aller/retour, en incluant les droits d’entrée.

Visiter Bichkek : derniers conseils pratiques

S’initier aux spécialités gastronomiques centre-asiatiques

Deux adresses sortent du lot : Faiza et Navat. La première, bondée le midi, a le mérite de séduire aussi bien les étrangers que les locaux. L’anglais y est pratiquement inexistant mais à défaut de parler russe/kirghize, vous pourrez toujours pointer du doigt l’assiette de vos voisins ou les photos sur la carte. Navat se donne des airs de restaurant gastronomique plus que de cantine populaire, mais sans pratiquer les tarifs qui vont avec. La carte en anglais passe en revue la majorité des spécialités kirghizes et kazakhes, avec plusieurs déclinaisons végétariennes possibles.
Bichkek compte également quelques très bons bars alternatifs, brasseries locales et repères d’expats : SomeWhere Bistro, Save the Ales, No Name Bar

Panorama artistique

Sans être tout à fait aussi riche que Tachkent ou Almaty, Bichkek compte néanmoins pas mal d’espaces de création et lieux de rendez-vous artistiques : Musée des Beaux Arts, Gallery M, Asanbay Center

Photo ©Tumar

Artisanat

Ne passez pas à côté des splendides créations de Tumar, qui revisitent l’artisanat traditionnel : châles, chaussons en feutre, housses de coussin, tapis etc.

Une chambre

Bichkek ne manque pas d’hébergements. À l’écart du centre, le Freelander’s offre un super rapport qualité/prix, des chambres et dortoirs d’une propreté impeccable et des espaces communs bien foutus. Aucun restaurant à proximité, en revanche vous pouvez cuisiner sur place.

Transports

Depuis l’aéroport de Bichkek, l’option la plus simple et la moins coûteuse consiste à prendre la marshrutka #380 jusqu’à la gare routière, située à l’ouest de la ville (40 soms). De là, vous n’aurez aucune difficulté à trouver un taxi pour rejoindre le centre-ville.

Un dernier mot au sujet des taxis. Avec une carte sim locale, des applis comme Yandex ou NambaTaxi sont faciles à utiliser. Autrement, et comme partout ailleurs en Asie, attendez-vous à négocier ferme – sans compter les faux compteurs, les détours inopinés et *palme d’or wtf du voyage* la possibilité de tomber sur des chauffeurs capables de mater du porno tranquillement pendant 15 min de course…

Bichkek – juillet 2017 + juin/juillet 2019

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