Slovénie

La carte postale : les Alpes Juliennes

Nous avons commencé nos vacances slovènes plutôt tranquillement en barbotant le long de la côte, puis en flânant parmi les vignobles de Goriška Brda, à la frontière italienne. Nous étape suivante – le plus gros morceau de notre voyage – nous mène dans les Alpes Juliennes et la région des lacs, un de ces coins d’Europe dont tout le monde vante les charmes et dont les photos laissent rêveurs. Pourtant une fois n’est pas coutume, nous ne sommes pas totalement conquis et nous avons du mal à nous montrer aussi dithyrambiques que bon nombre de voyageurs.

Montagnes et sapins dans les Alpes Juliennes en Slovénie

La région des lacs et le parc national du Triglav : impressions générales en demi-teinte

Avant d’entrer dans le vif du sujet et de vous présenter les coins qui nous ont plu (il y en a !) et ceux qui nous ont laissé plus dubitatifs, nous tenons à mettre au clair deux ou trois éléments.

La région est de toute beauté, c’est vrai, et sur ce point nous n’avons rien à redire. Les lacs sont incroyablement photogéniques, les alpages verdoyants, les rivières d’un bleu turquoise, les cabanes de bergers dissimulées ici et là forment un décor parfait et les courses en montagne sont un régal pour n’importe quel alpiniste, grimpeur ou randonneur.

Planina Zajamniki Slovénie
Planina pri Jezeru dans les Alpes Juliennes en Slovénie : maisons de berger

Revers de la médaille, en plein mois d’août, nous subissons l’affluence de plein fouet. Impossible de trouver une place au col de Vršič tant les bas côtés sont saturés ; on passe de longues minutes à attendre qu’un créneau « se libère » pour pouvoir prendre une photo du lac de Bled ; le moindre coin de rivière aimante des flots de baigneurs ; tous les hôtels affichent complets ou des tarifs prohibitifs et nous devons certains soirs pousser la porte de trois ou quatre restaurants avant de parvenir à trouver une table. Bref, tout ce que nos yeux absorbent en termes de magie alpine, nous le perdons l’instant d’après en stress et en frustration.

Alpes Juliennes en Slovénie

A refaire :

  • nous éviterions autant que possible la période juillet-août,
  • nous réserverions plusieurs mois en avance nos logements et nous opterions pour des gîtes ruraux à l’écart des grands axes, avec possibilité de dîner sur place,
  • nous nous enfoncerions beaucoup plus dans les montagnes, en privilégiant l’itinérance et en passant quelques nuits en refuge.
Cabane de berger dans les Alpes Juliennes en Slovénie

Ces précisions apportées, voici un petit tour d’horizon des excursions à réaliser et des points d’intérêt de la région. Ne noircissons pas le tableau exagérément : nous avons quand même été emballés par nos sorties en montagne et les paysages sont magnifiques…

L’archi-plébiscité et archi-photographié lac de Bled

Chronologiquement, nous avons terminé notre séjour dans les Alpes en accordant une demi-journée au lac de Bled mais comme celui-ci fait souvent office de première étape, nous démarrons nous aussi notre récit par là – nous pourrons ensuite passer à des lieux plus confidentiels.

Lac de Bled vu de haut
La vue depuis Mala Osojnica

Le lac de Bled c’est lui, ce lac aux eaux cristallines coiffé d’un petit îlot au sommet duquel se tient une délicate église. La photo est tellement connue qu’elle est devenue le cliché le plus populaire – et presque officiel – du pays.

Pour contempler Bled sous son plus beau profil, et pour repartir nous aussi avec notre photo souvenir, nous nous lançons à l’assaut de la colline boisée qui borde le lac, avec en ligne de mire trois points de vue différents, connectés entre eux par un sentier forestier accessible uniquement à pied : Mala Osojnica, Velika Osojnica et Ojstrica. La fréquentation varie selon les plateformes et plus la grimpette est abrupte, les roches glissantes et le chemin boueux, moins nous croisons de monde. Malgré tout, le décalage entre la beauté sereine du lac et l’agitation touristique nous chagrine un peu.

Lac de Bled vu de haut

Nous vous recommandons de débuter par Mala Osojnica, puis de continuer vers Velika Osojnica (si vous avez le temps de vous lancer dans un grand tour, sinon zappez ce point de vue), et de terminer par Ojstrica (photo ci-dessus). Prenez garde, le chemin qui se faufile vers Mala Osojnica depuis le lac comporte un passage assez vertical avec une main courante et un escalier raide. Mieux vaut donc l’emprunter à la montée plutôt qu’à la descente. Si vous ne le sentez pas, optez plutôt pour le chemin qui part directement vers Ojstrica (il est aussi possible de faire l’aller-retour vers Mala Osojnica depuis Ojstrica).

Lac de Bled vu de haut
Depuis Velika Osojnica

Nous avons trouvé la fréquentation beaucoup plus forte que ce que suggéraient les posts que nous avions parcourus avant de partir. Le point de vue d’Ojstrica en particulier, parce qu’il est situé à une vingtaine de minutes de marche du camping, et même s’il est un peu escarpé, fait le plein de touristes. Velika Osojnica (le spot le plus éloigné) ne semble en revanche pas attirer grand monde, et personne n’en fait mention. A vous de voir ce que vous préférez, en mettant dans la balance affluence et temps de marche. Comptez environ 1 heure 30 pour faire le tour complet sans vous presser. Le départ se fait ici.

Monument moderniste socialiste
Cafe Belvedere au lac de Bled

Redescendus de notre colline, nous nous attablons au Cafe Belvedere, qui nous emballe à plus d’un titre. D’abord parce que Jože Plečnik, l’architecte slovène star, omniprésent à Ljubljana, en est le concepteur. Ensuite, parce que le lieu est chargé d’histoire : le président yougoslave Tito recevait ici chefs d’État et diplomates, à l’abri des regards, et les murs ont gardé la patine et l’esprit des vieux bâtiments modernistes, avec quantité de mosaïques communistes.

Mosaïque socialiste au Cafe Belvedere, lac de Bled
Mosaïque socialiste au Cafe Belvedere, lac de Bled

Pour continuer sur notre lancée, nous saluons aussi les efforts faits par le Belvedere pour se montrer à la hauteur de son nom : la vue depuis la terrasse se révèle effectivement jolie.

Vue sur le lac de Bled depuis le Cafe Belvedere

Enfin, et pour clore cet inventaire en beauté, ou en onctuosité, le café est réputé pour ses kremšnita, de savoureuses pâtisseries pleines de sucre et de crème, hissées au rang de dessert emblématique du lac de Bled. Le service – dans son jus – fait partie de l’expérience : nous ne savons pas si les choses sont toujours aussi chaotiques mais les deux serveuses boudeuses qui étaient aux manettes ce jour-là distribuaient les parts de gâteaux à la tête du client, accordant à certains une assiette bien garnie et aux autres un catégorique « ne » sous prétexte de rupture de stock. Vérifiez bien les horaires avant de venir : le café Belvedere ne semble ouvert qu’à la belle saison, de mai à septembre.

Gâteau traditionnel du lac de Bled et mosaïque socialiste au Cafe Belvedere

Nous n’avons pas visité le château pour cause de commentaires très mitigés et de coût exorbitant (18 euros par adulte). Nous n’avons pas non plus mis les pieds sur la petite île centrale (une quinzaine d’euros de traversée et 12 euros supplémentaires pour entrer dans l’église) et n’avons rien ajouté à notre visite de Bled si ce n’est un peu de marche autour du lac. Un chemin mi-piéton mi-cyclable ceinture le lac sur 6 km : le tour n’est pas bien long (environ 1 heure 30) mais s’il faut choisir, la partie sud-ouest est à notre sens la plus agréable à arpenter, sur la portion qui court du café Belvedere jusqu’au club d’aviron (Veslaški klub Bled) – vous pourrez en plus y piquer une tête.

| Quelques infos en vrac pour visiter le lac de Bled

  • La baignade est autorisée et les Slovènes sont nombreux à plonger dans le lac l’été, particulièrement « chaud » pour un lac d’altitude du fait des sources qui l’alimentent (la température de l’eau oscille entre 20/23°C).
  • Comptez une vingtaine d’euros pour la location d’une barque pour 1 heure, si l’envie vous prend de gagner l’île en quelques coups de rames.
  • Se déplacer : Bled se rejoint le plus facilement en bus ou en voiture. Si vous voyagez avec votre propre véhicule, recherchez en amont un endroit où vous garer. Vous trouverez sur ce site la liste des parkings, avec leur coût horaire. Les tarifs grimpent vite et mieux vaut s’éloigner un peu que de vouloir à tout prix garer votre voiture au bord du lac. Attendez-vous à payer 5 euros de l’heure en plein été…
  • Se loger/se restaurer : Aucun intérêt à se rendre du côté de la ville de Bled et de la zone qui concentre hôtels, commerces et casinos – sans aucun charme. Les hôtels sont pour la plupart hors de prix et les bonnes tables se comptent sur les doigts d’une seule main (sur tout le pourtour du lac…). Nous n’avons aucune adresse à vous recommander, à part le Belvedere pour un café/pâtisserie.
  • En plein été et les week-ends, attendez-vous à une affluence monstre. Le lac n’est qu’à 45 minutes de Ljubljana… ceci explique cela.

Le grand frère un poil plus discret : le lac de Bohinj

L’autre star lacustre de la région est le lac de Bohinj. Plus étendu, plus encaissé, moins clinquant et un chouïa moins facile d’accès, Bohinj serait le lac préféré des Slovènes et l’endroit rêvé pour échapper à la foule. Nous, nous avons trouvé Bohinj presque aussi fréquenté que Bled et bien loin de la destination confidentielle que faisaient miroiter réseaux et sites internet…

Lac de Bohinj Slovénie

Plusieurs raisons à cela. D’abord il n’existe qu’une arrivée possible sur le lac, tout à l’est : le village de Ribčev Laz. C’est ici que se trouve la plupart des restaurants, des hôtels, des loueurs de kayaks et de SUP, et là que s’agglutinent les vacanciers. La partie orientale du lac est donc saturée. Cherchant à tout prix à esquiver la frénésie touristique, nous avons réservé un hôtel à l’extrémité ouest du lac. L’idée est en réalité bonne : nous ne croisons pas grand monde, en effet, mais nous tournons en rond et chaque sortie en voiture nous fait buter sur les embouteillages de la rive sud. Ce qui nous amène à nos 2e et 3e constats, à savoir que se garer le long du lac est un véritable casse-tête et que les voitures sont nombreuses qui tournent et retournent sans trop savoir où s’arrêter (d’autant que les prix des parkings se sentent à nouveau pousser des ailes), et que Bohinj s’explore difficilement « en passant ».

Lac de Bohinj Slovénie

Nous aurions eu pour ambition de nous hisser sur les hauteurs depuis l’ouest du lac, ou d’emprunter le télécabine de Vogel (32 euros l’aller/retour !), nous aurions probablement profité davantage de la localisation de notre hôtel. Mais en nous limitant à l’aspect marche au bord du lac (lui aussi très joli, accordons lui cela), le charme de Bohinj n’a qu’à moitié opéré sur nous.

Lac de Bohinj Slovénie : église

Au bout du compte, nous trouvons trois attraits au lac de Bohinj et à ses environs. Le premier, c’est cette fameuse petite église qui illustre tous les articles sur le lac, l’église Saint-Jean Baptiste (Sv. Janeza Krstnika), dont l’intérieur se révèle curieusement calme (l’entrée est payante) et étonnamment beau, avec de nombreuses fresques du XIIIe au XVIe siècles.

Sv. Janeza Krstnika Bohinj
Sv. Janeza Krstnika Bohinj

Notre autre « découverte » est celle d’un envoûtant point de vue à proximité du lac, que nous atteignons au prix d’une vingtaine de minutes de marche dans les sous-bois. Le point de vue de Pec – c’est son nom – est à la fois splendide et ignoré des visiteurs. Le départ se fait peu après le panneau d’entrée du village de Stara Fužina (ici). Le petit pont sur la droite franchi, il faut repérer et suivre le panneau « 13 Pec, Rudnica », puis les macarons blancs et jaunes.

Vue sur le lac de Bohinj depuis Pec

Enfin, la zone de Bohinj nous a semblé la plus pratique pour entamer de superbes randonnées en montagne – parmi les plus réputées de la région.

| Quelques conseils pour visiter le lac de Bohinj

  • Se déplacer : Encore une fois, se garer est le nerf de guerre. A moins de venir très tôt le matin, attendez-vous à batailler en plein été pour trouver une place. Celles-ci sont relativement peu nombreuses autour du lac et les parkings sont chers (plus d’information ici). La meilleure solution, si vous avez le temps et que vous prévoyez de passer la journée sur les berges du lac, sera d’utiliser le P+R du village de Bohinjska Bistrica (coût 5 euros) puis de rejoindre le lac à pied ou à vélo (7 km) ou en bus (2 euros – moins de 15 minutes de trajet).
  • Se balader : Un sentier de 12 km permet de faire le tour du lac. Se lancer dans un tour complet n’a pas grand intérêt, d’autant que la partie sud longe la route. Le plus sympa sera de prendre un bus ou un bateau électrique pour rejoindre le village d’Ukanc, tout à l’ouest, puis de déambuler le long de la rive nord pour revenir à Ribčev Laz. C’est aussi sur ce trajet que vous trouverez les plus belles plages et criques pour vous baigner.
  • Se loger : Comme indiqué en introduction, à refaire, nous n’irions pas nous coincer à l’ouest du lac (en fond de vallée), pour explorer la région. Si votre seul objectif est de buller 3 jours au bord du lac, l’option vous conviendra peut-être mais si vous prévoyez de varier les randonnées et de parcourir différents secteurs des Alpes Juliennes, vous perdrez beaucoup de temps (sans compter qu’il faut également reprendre la voiture pour aller se restaurer). Nous ne vous recommandons pas non plus notre hôtel, très bien noté mais dont nous avons trouvé les prix trop élevés (170 euros la nuit pour une chambre sous les toits très basique).
  • Se restaurer : Par deux fois, les restaurants auxquels nous voulions nous arrêter étaient complets. La seule adresse que nous sommes parvenus à tester sur Bohinj est Foksner, une institution locale réputée pour ses burgers. Nous avons trouvé le lieu tellement plein à craquer que même l’ambiance nous a pesé. Nous avons aussi poussé un soir jusqu’à la Gostinilca Štrudl, à Bohinjska Bistrica, qui recevait de très bons avis. Est-ce que la cuisine servie valait les 30 minutes de queue sous la pluie pour obtenir une table ? Nous n’en sommes pas convaincus…
  • Le lac est souvent plongé dans la brume le matin, jusqu’à 9 h ou 10 h. Inutile, donc, de venir trop tôt.

Randonnée sur le plateau de Pokljuka

Heureusement, il existe des chemins de traverse pour échapper à la foule et le haut plateau forestier de Pokljuka est la première halte à nous mettre sérieusement du baume au cœur. Soit la randonnée qui chemine vers le bel alpage de Planina Zajamniki ne s’est pas (trop) ébruitée, soit ce sont les prévisions météo très moyennes ce jour-là qui dissuadent les marcheurs de mettre le nez dehors, toujours est-il qu’on ne croise pratiquement personne sur le sentier.

Alpage de Zajamniki : maisons de berger
Fleurs et panneau indicateur sur le sentier de Zajamniki
Alpage de Zajamniki : maisons de berger
Alpage de Zajamniki : maisons de berger
Alpage de Zajamniki : maisons de berger

La balade en elle-même n’a rien de magistral. La majeure partie du chemin se fait en sous-bois mais c’est précisément ce calme qui nous fait du bien, et nous prenons encore plus de plaisir à déboucher sur l’alpage où s’étire une ribambelle de cabanes de bois. Quel final ! Calés sur une pierre en surplomb de ce fabuleux serpentin de maisons de berger, nous restons un bon moment à contempler le soleil décliner derrière les sommets, avant que le ciel vire à l’encre et que les nuages se vident au-dessus de nos têtes.

Alpage de Zajamniki : maisons de berger

| Explorer le plateau de Pokljuka : en pratique

  • Le plateau karstique de Pokljuka se trouve à mi-distance entre les lacs de Bohinj et de Bled (environ 25/30 minutes de voiture). On y trouve de charmants pâturages vallonnés, des forêts de sapins touffues truffées de petites cabanes ainsi qu’un site de biathlon réputé.
  • Itinéraire – Planina Zajamniki : Le départ de la randonnée de Zajamniki se fait au niveau de Rudno Polje. Visez l’Hotel center et le stade de biathlon pour vous garer. Longez le stade (sur votre droite) et repérez le panneau en bois « Uskovnica ». Maps.me vous aidera pour la suite. Le temps de marche n’est pas très long pour rejoindre le village, et la sortie ne vous occupera pas plus d’une demi-journée. Comptez 2 heures à 2 heures 30 heures l’aller-retour, selon vos habitudes de marche.
  • Se restaurer : Il n’est pas possible de se restaurer à Zajamniki. En revanche, un détour d’une vingtaine de minutes vous mènera jusqu’à Uskovnica où un refuge sert des plats traditionnels (Koča na Uskovnici). Autre option : l’Hotel Center propose lui aussi à manger.
  • Sommets : Le plateau de Pokljuka est le point de départ de plusieurs ascensions, plus montagnardes. C’est le cas de Viševnik (boucle d’environ 3 heures 30 à 4 heures de marche depuis Rudno Polje), de Debela Peč (3 à 4 heures depuis l’alpage de Zajavornik) et de l’incontournable Triglav (en une très grosse journée d’une douzaine d’heures de marche au départ de Rudno Polje, ou en deux jours en faisant étape pour la nuit au refuge Dom Planika).

Balade dans les alpages : de Planina Blato au lac double Dvojno Jezero

Notre seconde journée dans les alpages nous mène du côté de Planina Blato. Nous optons cette fois pour une randonnée plus soutenue, sans aucune difficulté technique mais avec davantage de dénivelé et de distance à parcourir. La balade – une boucle – est agréable et variée. Une première montée nous conduit jusqu’au refuge Koča na Planini pri Jezeru et un alpage que ponctuent de ravissantes huttes en bois et un petit lac couleur émeraude.

Planina pri Jezeru dans les Alpes Juliennes en Slovénie : maisons de berger

Nous progressons ensuite dans une forêt d’épicéas un peu moins dense, jusqu’à l’alpage Planina Dedno Polje, avant de filer (façon de parler) en direction de Planina Ovčarija. Plus nous avançons et plus la vue se dégage et s’ouvre sur les montagnes, tandis que les ambiances et les paysages ne cessent d’alterner – boisés, rocailleux, recouverts de pins nains…

Alpage et maisons de berger dans les Alpes Juliennes en Slovénie
Alpage et maisons de berger dans les Alpes Juliennes en Slovénie
Forêt de sapin dans le parc national du Triglav

L’arrivée au col de Štapce, qui domine le lac double Dvojno Jezero (notre objectif de balade initial) nous en met plein les yeux et l’envie est grande de dégringoler tout en bas. Manque de chance, le tonnerre gronde dans le lointain et frileux à l’idée de finir douchés (ou grillés), nous abandonnons l’idée de poursuivre jusqu’aux lacs et au refuge Koča pri Triglavskih jezerih.

Pins et sapins dans le parc national du Triglav
Lac double Dvojno Jezero

Pour le retour, et plutôt que de reprendre le même itinéraire, nous gagnons l’alpage de Viševnik. Un tronçon légèrement plus raide que celui suivi plus tôt depuis Dedno Polje, mais tout aussi beau et complémentaire. Revenus à Planina pri Jezeru, et dopés par notre demi-tour au galop, nous nous engageons sur la route de Planina Laz à grandes enjambées, avant de nous raviser à mi-parcours. L’aller-retour nous prendrait encore 2 heures et nous cheminons déjà depuis près de 5 heures…

Nous renonçons finalement à Planina Laz et nous terminons notre journée avec un compteur affichant 18 km et 1 000 mètres de dénivelé positifs. Nous repartons enchantés ; mêmes sans un brin de soleil, la balade était grandiose !

Randonnée dans le parc national du Triglav

| Randonner depuis Planina Blato : en pratique

  • L’itinéraire que nous avons suivi est celui-ci : Planina Blato/Planina Pri Jezeru/Planina Visevnik ou Planina Dedno Polje (les deux tronçons conduisent au même endroit, nous vous conseillons d’en emprunter un à l’aller et l’autre au retour), Planina Ovčarija/col de Štapce (+ une vingtaine de minutes de descente jusqu’au lac, à laquelle nous avons renoncée à cause de la météo). Nous avons trouvé un charme fou à cette balade qui évoque des paysages de contes de fée et serpente d’un adorable alpage à l’autre. Autre atout, le départ de la randonnée a beau se trouver tout proche du lac de Bohinj, donc d’un des endroits les plus fréquentés de la région, passé l’alpage de Planina Blato, et dans une certaine mesure celui de Pri Jezeru, nous avons marché seuls.
  • Temps de marche : Au total nous avons mis 5 heures 30 pour boucler notre tour, en marchant d’un bon pas, mais nous avons crapahuté un moment en direction de Planina Laz avant de faire demi-tour, et nous ne sommes pas partis directement de Planina Blato – ce temps est donc purement indicatif. Vous trouverez d’autres infos sur ce site. La randonnée complète se poursuit normalement jusqu’au refuge de Koča pri Triglavskih jezerih, voire, en 45 minutes supplémentaires, jusqu’au lac Jezero v Ledvicah.
  • Autres itinéraires : Notre randonnée au départ des alpages de Blato fait partie d’un itinéraire plus grand, considéré comme l’un des plus beaux du parc national du Triglav. Celui-ci conduit vers la vallée des Sept lacs (ou vallée des Lacs du Triglav), et plus loin encore, vers le Triglav lui-même. L’ascension du Triglav peut être débutée en de nombreux points (voir plus haut les conseils depuis Rudno Polje et le plateau de Pokljuka) mais cet itinéraire-ci est un des plus populaires en deux jours ou plus. Idem pour la vallée des Lacs du Triglav, qui peut également être atteinte depuis Koča pri Savici, au bout du lac de Bohinj (à proximité du village d’Ukanc).
  • Se restaurer : Vous croiserez en chemin un certain nombre de refuges (koča) où il est possible de se restaurer.
  • Rejoindre le départ de la randonnée : Il existe deux options pour atteindre Planina Blato, au-dessus du village de Stara Fužina. La première consiste à se garer directement au niveau de l’alpage, au départ des sentiers. Seule condition : partir très tôt. Le coût est de 20 € la journée (prix du péage en 2025), quel que soit le nombre d’heures passées sur place. L’autre possibilité est d’emprunter la navette qui circule depuis le lac de Bohinj jusqu’au croisement entre Vogar et Planina Blato (Križišće). Il vous restera ensuite 15 min de marche pour rejoindre Planina Blato. Attention si vous choisissez cette seconde option : un parking est installé à proximité de l’entrée de la route à péage (P8 Stara Fužina Vorančkojca) afin d’encourager les visiteurs à laisser leur véhicule et à emprunter la navette. Les tarifs pratiqués sont toutefois inadaptés si vous vous lancez dans une randonnée d’un jour ou deux. A 3 € de l’heure, nous avons vite déchanté quand la machine nous a imprimé un ticket de 24 €. Pas de quoi inciter les randonneurs à prendre les transports en commun – l’argument écologique prend du plomb dans l’aile. Renseignez-vous donc bien sur le coût des parkings si vous êtes véhiculés (voir plus haut les conseils concernant le lac de Bohinj). Plus d’infos sur les horaires (en été uniquement) ici.

La « route des alpages » et Radovljica

Pour conclure notre (petite) exploration des Alpes Juliennes, nous quittons Bohinj et mettons cap vers Bled, puis sur Ljubljana, en tournicotant encore un peu dans les hauteurs, au milieu de petits villages craquants, d’étonnants séchoirs traditionnels en bois (les kozolec), de blanches églises et de verts pâturages. Dommage que la brume tenace nous empêche de profiter du coin autant que nous l’aurions voulu. Nous finissons par tirer une croix sur l’ascension du mont Viševnik, et notre balade au départ du petit village de Koprivnik v Bohinju jusqu’au point de vue Vodnikov Razglednik ne nous gratifie que d’un panorama gris et moutonneux.

Nous n’aurons clairement pas tiré parti de toutes les possibilités de cette route d’altitude, mais nous lui avons trouvé deux qualités indéniables : ne croiser personne et rouler dans un cadre bucolique à souhait, et pas touristique pour un sou.

Eglise blanche et séchoir traditionnel dans les Alpes Juliennes

Autre son de cloche en revanche pour notre toute dernière halte avant d’atteindre la capitale slovène. Nous pensions que la petite ville médiévale de Radovljica, à proximité du lac de Bled, constituerait une alternative à la très courue Škofja Loka. Nous avons trouvé Radovljica mignonne, ses édifices baroques élégants, mais l’ensemble trop lisse et « muséifié » pour nous émerveiller. La visite est bouclée en un rien de temps et nous ne la recommandons que si vous vous ennuyez profondément.

Maisons de la vieille ville de Radovljica
Maisons de la vieille ville de Radovljica

Notre avis sur les Alpes Juliennes : nous avons à la fois été frappés par la beauté des montagnes – et des lacs, ne faisons pas la fine bouche -, et un tantinet déconfits face à toutes les difficultés engendrées par l’affluence estivale (difficulté à se loger, à se déplacer, à se garer, à trouver une table pour se restaurer, à identifier des coins qui ne soient pas bondés…). L’impression aurait probablement été différente en voyageant hors saison !

| Derniers conseils pour découvrir les Alpes Juliennes et les lacs slovènes

  • Massifs slovènes : La zone des lacs et du Triglav (Alpes Juliennes) est la plus connue. On y trouve trois portes d’entrée principales : la ville de Kranjska Gora, le lac de Bled et le lac de Bohinj (qui fait plus figure de cul-de-sac que d’entrée). Pour autant, la Slovénie compte d’autres massifs tout aussi beaux et moins fréquentés que le parc national du Triglav. C’est le cas par exemple des Alpes Kamniques, au nord de Ljubljana (vallée de Logar/Logarska Dolina, route panoramique Solčava, Velika Planina…), ou des Karavanke, encore plus à l’est.
  • Randonner en Slovénie : Comme nous l’avons indiqué, nous n’avons pas axé notre séjour slovène exclusivement autour de la montagne et le temps maussade – virant souvent à l’orage – ne nous a pas non plus incités à gagner les sommets. Nous reviendrions néanmoins avec plaisir saluer le Triglav (le plus haut sommet de Slovénie et de l’ex-Yougoslavie, le plus symbolique – présent jusque sur les armoiries nationales – et le plus arpenté à la belle saison) ou entreprendre d’autres ascensions moins connues. Le site Moon & Honey Travel nous a semblé de bon conseil pour la randonnée en Slovénie.
  • Quand partir : Cela n’a rien de très original mais même si les Alpes Juliennes ne sont pas particulièrement élevées (le Triglav culmine à 2 864 m) la neige reste présente jusqu’à la fin du mois de mai. Préférez donc la période mi-juin/début octobre pour vous aventurer en montagne.
  • Et la Soča alors ? : Certains crieront peut-être au scandale mais nous n’avons pas exploré la vallée de la Soča. L’idée de nous coltiner (encore) la foule pour pouvoir admirer une eau turquoise et faire de jolies photos nous rebutait. Tant pis pour l’analyse bêtement caricaturale et pour les paysages renversants que nous n’aurons pas vus. Nous avons préféré économiser quelques journées pour pouvoir pousser vers l’est du pays.

Alpes Juliennes – août 2022

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *