Good morning Saigon
Quitte à regagner un environnement urbain pour quelques jours, autant se jeter tête la première au travers des artères de la ville. Voir un peu ce que Hô Chi Minh-Ville/Saigon1Si Hô Chi Minh-Ville est le nom officiel de la ville depuis 1975, beaucoup utilisent encore son ancien nom, Saigon. D’un strict point de vue administratif toutefois, la dénomination ne s’applique plus qu’au centre-ville d’HCMV. a dans le ventre.
On débarque ici comme on le ferait dans n’importe quelle grande ville dense et bouillonnante, n’importe quelle métropole mondialisée – toutes si facilement interchangeables.
Depuis la terrasse du Saigon Saigon, bar mythique de l’hôtel Caravelle et ancien QG des journalistes durant la guerre du Vietnam, c’est une ville verticale qui se déploie. Une ville de verre ultra-moderne et de gratte-ciels à perte de vue.
En se penchant, on distingue encore quelques édifices coloniaux éparpillés le long de Nguyễn Huệ et de Đồng Khởi, vestiges du temps où Saigon servait de capitale à la Cochinchine française : l’Opéra, construit en 1897 dans le style architectural de la « Belle Époque » ; l’ancien Hôtel de ville, du début du XXe siècle, dont les locaux abritent aujourd’hui le Siège du Comité du Peuple ; et à l’arrière plan la forme élancée de la cathédrale Notre-Dame, jouxtant la façade citron-meringué de la Poste Centrale dessinée par Eiffel fin XIXe.
Sur les anciennes photos accrochées aux murs de l’hôtel Caravelle, on aperçoit Đồng Khởi en enfilade dans les années 1950 et la Cathédrale Notre-Dame en bout de course. Mais tout autour le photographe ne capte pas un gratte-ciel. Des arbres, uniquement.
C’est dire à quelle vitesse la ville s’est développée et à quelle allure folle elle poursuit sa mue. À Saigon les chantiers sont partout, les vieux quartiers tombant l’un après l’autre sous les coups des bulldozers. Il ne faut pas longtemps pour que l’on se rende compte que, parmi les adresses repérées avant le départ, certaines ont déjà laissé place à de nouvelles constructions. Cette disparition inexorable rappelle la première rencontre avec la Chine quelques années auparavant et la découverte de ces villes monstres ne faisant qu’une bouchée de leur histoire – lilongs shanghaïens et hutongs pékinois tout juste bons pour la casse.
Dans ce paysage particulier, les espaces d’exposition alternatifs et les repères underground ne tiennent pas plus (de la 3A Alternative Art Area il ne reste que des gravas). Confrontée aux pelleteuses comme aux décisions arbitraires des autorités municipales, la scène artistique saïgonnaise n’a d’autre choix que de se réinventer en permanence, à mesure que s’effondrent ses points de ralliement.
Voilà comment on découvre Saigon. En explorant dans le même temps son vieux centre touristique et ses lignes de force périphériques. Ses marqueurs culturels et ses lieux de brassage/passage.
On appréhende la ville par le biais de ses musées : Musée d’Histoire, riche et détaillé, et Musée des Souvenirs de Guerre, pointant du doigt toute l’absurdité, la bêtise et la brutalité des deux guerres d’Indochine et du Vietnam.
On navigue d’un district à l’autre, des rues branchées du centre-ville à celles bien plus enfumées du quartier de Cholon (littéralement « grand marché »), façonné par la diaspora chinoise2La diaspora chinoise au Vietnam constitue une minorité ethnique à part entière. Implantés dans le pays depuis le XVIIe siècle, et à l’origine essentiellement des marchands, les « Hoa » – qui forment l’une des composantes de cette diaspora – ont longtemps joué un rôle moteur dans l’économie vietnamienne. qui, au XVIIIe siècle, fuyait les massacres engendrés par la révolte des Tây Son.
Fusionné avec Saigon en 1931, Cholon n’a pas échappé non plus aux bulldozers qui engloutissent la ville. Néanmoins, se dressent encore ici et là quelques herboristeries traditionnelles et une flopée de temples perdus dans les volutes d’encens.
Dans le district 1 on découvre encore la mosquée indienne de 1935, le temple hindou de Mariamman (fin XIXe) et la pagode taoïste de l’Empereur de Jade (1909), ensevelie sous une avalanche de lampions.
On profite enfin de nos journées saïgonnaises pour se perdre dans les rayons des boutiques Metiseko et Authentic Home et tester l’efficacité de la Poste Centrale. Pour écumer les bars et partir à l’assaut de la scène musicale locale. Pour découvrir la cuisine du Sud et expérimenter les bières de la Pasteur Brewing Company.
Et puis surtout on déambule le nez en l’air, au hasard de rues dont l’intérêt et la « beauté » tiennent pour beaucoup aux scènes de vie quotidienne qui s’y jouent.
Contrairement à l’image qui lui colle à la peau, HCMV/Saïgon n’est pas une ville désagréable à découvrir, sa modernité la rendant même plutôt facile à vivre. Mais comment parcourir en trois-quatre jours une ville aussi immense et, comme ailleurs en Asie, si peu adaptée aux piétons ? Les 35°C quotidiens nous assomment et les boulevards, saturés de scooters, obligent à des sprints et des détours sans fin pour ne pas finir écrasés. Grab permet de gagner du temps et d’éviter de se liquéfier au soleil, mais les distances sont importantes et les prix grimpent vite. Alors tant pis pour cette fois, il faudra se contenter d’un premier aperçu des districts centraux. En attendant de revenir un jour explorer le reste…
Visiter Hồ Chí Minh-Ville/SAIGON : Informations pratiques
Où loger
Le plus simple, pour une première visite, serait de se baser dans les districts 1 ou 3 pour parcourir à pied l’essentiel du centre-ville (grosso modo le vieux quartier « Opéra/Siège du Comité du Peuple/Cathédrale Notre-Dame »). On a moyennement apprécié le Me Gustas Homestay 2, en revanche on vous recommande The Dorm – hyper central, beau et bien aménagé (mais un peu trop hype pour être vraiment chaleureux…).
Où se restaurer
Bunn Oi, Vo Roof Garden et Secret Cottage, tous situés à proximité de Đồng Khởi et Nguyễn Huệ.
Où sortir
Pour un aperçu de la scène musicale locale, trois adresses méritent le détour : Indika Bar, Acoustic Bar et Yoko. Les lives du bar Saigon Saigon n’ont eux aucun intérêt mais n’esquivez pas l’happy hour pour autant : la vue sur la ville depuis le sommet de l’hôtel Caravelle est magique.
AchatS/SOUVENIRs
Les boutiques Metiseko et Ginkgo proposent toutes deux des vêtements de qualité, éco-responsables et conçus au Vietnam. Côté céramique, vous trouverez des pièces splendides chez Authentic Home. Par contre ne lésinez pas sur le papier bulle si vous choisissez de faire expédier un carton par la poste…
Se déplacer
Le conseil vaut pour toutes les grandes villes asiatiques mais pour éviter les confrontations inutiles avec les taxis, utilisez Grab quand vous le pouvez (au hasard : le meter truqué qui s’emballe, le taxi qui ne trouve pas son chemin et qui tourne pendant des heures, la route fermée etc.). Le prix est connu à l’avance et peut servir de base de négociation si vous optez finalement pour les services d’un taxi classique.
Quitter Saigon
La compagnie de bus Futa est l’une des meilleures du Sud-Vietnam. Vous pouvez acheter les billets en ligne et être récupérés par une navette qui vous conduira à la gare routière de Miền Tây (gare de l’ouest).
Hô Chi Minh-Ville/Saigon – février 2019
One Comment
Françoise Berre
Merci pour cette découverte de Saigon Les photos sont très belles et l’architecture qui conjugue avec le vert dans les balcons semble plutôt plaisante.
Bref : on part dès demain… Après l’inauguration au musée !
A suivre avec impatience