Monywa qui mal y pense
À mi-chemin entre Bagan et Mandalay, dans la préfecture de Sagaing, Monywa est une grande ville birmane comme tant d’autres. Une ville commerçante, à la circulation dense et aux trottoirs inexistants. Une ville de pagodes et de monastères. Une ville, surtout, frappée par le soleil, dans une région considérée comme l’une des plus chaudes du pays.
Dans le lointain, par delà les eaux de la Chindwin, se découpent les contreforts de l’immense mine de cuivre de Letpadaung. L’exploitation, régulièrement sous le feu des projecteurs, suscite la colère des villageois et des défenseurs de l’environnement depuis des années. Mais rien n’y fait, ni les manifestations pacifiques, ni les flambées de violence sporadiques. Les communautés locales n’ont pas voix au chapitre. Alors en ce début d’après-midi, comme chaque jour, les travailleurs en combinaison intégrale se relaient sur les routes, filant à moto sur l’asphalte brûlant.
– Les grottes de Po Win Taung –
Mais alors, pourquoi cet arrêt en dehors des grands axes ? Pas pour Monywa à proprement parler mais pour Po Win Taung, l’un des principaux sites archéologiques du pays. Situé à une quarantaine de bornes de la ville, l’ensemble troglodytique abrite plusieurs centaines de sculptures taillées dans le roc et des peintures pariétales bouddhiques réalisées entre les XIVe et XVIIIe siècles.
Si certaines chambres sont vides ou ne contiennent plus que quelques statues ébréchées, d’autres forment de longues galeries peuplées de bouddhas méditatifs, recouverts de laque ou de feuilles d’or.
La visite est un jeu de hasard. C’est le plus souvent lorsque l’on passe une tête rapide entre deux ouvertures que l’on découvre les peintures les plus belles. Des peintures délicates aux couleurs vives narrant les jâtaka, les vies antérieures du Bouddha, ou des scènes de vie quotidienne.
Le site de Po Win Taung est extraordinaire pour qui s’intéresse au bouddhisme et à l’histoire de l’art birman. Pourtant les lieux sont laissés dans un état de quasi-abandon et au « bon soin » des singes qui s’en sont emparés. Les parois très fines des cavités finissent par s’effondrer et les anfractuosités rocheuses par servir de décharge publique. Un peu plus loin, c’est l’immense pauvreté des quelques vendeurs installés sur place qui saute aux yeux.
Alors on navigue entre émerveillement et sentiment d’abattement, incapables de comprendre qu’un site aussi exceptionnel suscite un désintérêt aussi flagrant.
– La pagode Thanbodday –
N’ayant pas eu notre compte de bouddhas à Po Win Taung, on prend la route de la pagode Thanbodday qui en rassemblerait « grosso modo » 600 000 à 5 millions… L’ensemble est sur-coloré, ultra-kitsch et met sérieusement à mal toutes les grilles de lecture artistique et de « bon goût » en vigueur sous nos latitudes – l’extérieur s’apparentant à une gigantesque pâtisserie flanquée d’une multitude de stupas miniatures.
– Bodhi Tataung –
Enfin, pour clore en beauté cette journée 100% sponsorisée par le bouddhisme birman, on prend une dernière rasade bouddhique en allant cette fois côtoyer le plus grand Bouddha debout du pays qui, avec ses presque 120 mètres de hauteur (130 mètres selon les sources les plus enthousiastes), serait aussi le deuxième plus grand au monde derrière celui du Temple de la Source en Chine (Henan). À ses côtés trône un modeste Bouddha couché de 95 mètres et un Bouddha assis encore en construction mais promis lui aussi à un bel avenir…
Explorer Monywa : conseils pratiques
Une chambre
La ville ne recevant que peu de touristes, l’offre est loin d’être pléthorique. On a passé deux nuits à l’hôtel Sein Nan Daw, option la plus « économique » à 25 $ la nuit. Les chambres sont très propres et le personnel sympa.
Une cantine
Opération encore plus difficile que de trouver un hôtel. Pour continuer dans le thème des attractions étranges, on a testé une sorte de diner coloré à l’américaine, Eureka, près de la tour de l’horloge. Les plats sont sans prétention mais plutôt réussis.
Visites
La location d’un tuktuk pour la journée (enfin, on loue les services du chauffeur, pas encore le tuktuk), revient à 45 000 kyats. Il est sûrement possible de négocier mais vous obtiendrez difficilement un tarif moins élevé. L’accès aux grottes de Po Win Taung et à la pagode Thanbodday est payant. Quant au Bouddha géant, on ne l’a finalement pas visité – il y a un moment où il faut savoir renoncer…
Transports
Comptez 3 heures 30 de trajet en minibus depuis Bagan (6 500 kyats/personne, plusieurs départs par jour) et 3 heures jusqu’à Mandalay (2 500 kyats/personne, des bus partent toutes les heures entre 6 h et 17 h).
Monywa, janvier 2019
2 Comments
Annick et Jean-Pierre.
Merci pour votre récit…Je vois que vous ne « boudez » pas votre plaisir avec ces milliers de statues…, du style de celles que nous avons pu voir dans plusieurs villes de Chine, il y a quatre/cinq ans
Bonne continuation dans votre intéressant périple.
Des Bis
George Georges
Les couleurs des grottes sont vraiment extraordinaires. Tous ces ocres différents çà fait rêver. (Et encore je n’ai pas fini de tout lire).
Bises à vous les Georges !