Aksou-Jabagly
Avec une superficie de 2,7 millions de km2 (quatre fois la France), tout semble étrangement démultiplié au Kazakhstan : les gigantesques steppes du centre et du nord du pays, les déserts occidentaux tout droit sortis d’un film de science-fiction, les chaînes de montagnes des Tian Shan et de l’Altaï flirtant avec les 7 000 mètres… L’impression d’immensité paraît d’autant plus forte que la population est en comparaison quasi-inexistante : 19 millions d’habitants au total, l’équivalent de 7 habitants par km2.
Après quelques jours plongés dans la fournaise des steppes désertiques, le besoin se fait soudain sentir de s’évader dans les montagnes en vitesse. Par chance, deux heures de minibus suffisent pour changer radicalement de décor et troquer les abord étouffants et arides de Chimkent contre les plis vert tendre d’Aksou-Jabagly.
Une réserve alpine au milieu des steppes
Posée au sud du massif du Karatau dans les Tien Shan occidentales, la réserve naturelle d’Aksou-Jabagly (ou Aksu-Zhabagly), la plus ancienne du Kazakhstan, abrite ce qui se fait de mieux en matière de faune centre-asiatique : des loups, des ours bruns, des moutons argalis, des bouquetins, des léopards des neiges et plus de 260 espèces d’oiseaux qui, chaque année, attirent des colonies d’ornithologues migrateurs. Ces derniers sont rejoints fin avril par des cohortes de botanistes, aimantés par les tapis de tulipes sauvages qui au printemps constellent les prairies.
Début juillet, les tulipes ont déserté les pentes et aucun animal ne pointe le bout de son nez dans l’objectif de nos jumelles. Pour autant, Aksou-Jabagly n’en redevient pas tout à fait un massif alpin comme les autres : les chevaux courent dans les alpages, l’eau claire des torrents dévale les pentes rocheuses, le vent fait frémir les peupliers qui bordent la grande yourte blanche du jardin de Ruslan et l’homme s’empresse d’accueillir les visiteurs de passage avec un sens de l’hospitalité tout centre-asiatique.
Explorer le parc d’Aksou-Jabagly
Si rejoindre Zhabagly, le village qui sert de porte d’entrée au parc, ne pose aucune difficulté, s’aventurer dans la réserve est tout de suite plus compliqué. Un guide local est obligatoire pour parcourir les sentiers, découvrir les canyons et grimper à l’intérieur de la zone protégée, rendant l’exploration rapidement coûteuse.
Posée à la lisière du parc, la maison de Ruslan constitue une excellente alternative pour randonner à proximité de la réserve sans avoir à y pénétrer, ou plus simplement pour profiter du grand air, dormir sous la yourte et passer sa journée à lire à l’ombre des peupliers, la tête posée dans les fleurs.
A l’intérieur de la réserve, l’expédition la plus populaire conduit au canyon Aksu. L’essentiel du tour se fait en jeep, avec quelques arrêts pour contempler le canyon depuis le haut, grimper au milieu des herbes et des genévriers et finir la journée au bord des eaux laiteuses de la rivière, 300 mètres en contrebas. Comptez environ 29 000 tenge/journée pour deux personnes (soit une soixantaine d’euros).
Plusieurs itinéraires de randonnée sillonnent également le parc, avec des treks envisageables sur un ou plusieurs jours, à pied comme à cheval. Peu d’infos circulent cependant sur internet, et rien ou presque n’est tracé sur Maps.me. La région reste globalement très peu visitée, l’absence de balisage et les prix élevés dissuadant sans doute les – rares – voyageurs de s’aventurer dans la réserve.
Conseils pratiques pour profiter d’Aksou-Jabagly
Loger à proximité du parc
L’éco-tourisme s’est développé ces dix dernières années avec la venue régulière d’ornithologues et de botanistes étrangers. En parallèle, le réseau de pensions et de logements chez l’habitant s’est progressivement structuré. Deux adresses trustent malgré tout l’essentiel des nuitées : la (ou les) maison(s) de Ruslan et les chambres proposées par Svetlana via le programme communautaire Wild Nature.
Ruslan dispose de deux maisons, l’une située dans le village de Jabagly, l’autre dans la montagne à deux pas de l’entrée du parc. Si vous venez à la belle saison, choisissez cette dernière option. La propriété compte deux ou trois chambres doubles, ainsi qu’une yourte installée dans le jardin. La mère de Ruslan est par ailleurs une excellente cuisinière, capable de réconcilier n’importe quel estomac avec la cuisine locale.
Ruslan comme Svetlana vous aideront à obtenir les autorisations nécessaires pour accéder au parc, et à organiser des excursions avec chauffeur et ranger dans la réserve. Les prix sont détaillés sur leurs sites respectifs (liens donnés plus haut).
Rejoindre/quitter Aksou-Jabagly
- Transports depuis Chymkent : un minibus quitte Chymkent tous les matins depuis la gare routière Aina en direction de Jabagly (2 heures de trajet environ). Des bus desservent également la ville de Tyulkubas (500 tenge), où vous pourrez récupérer un taxi partagé pour Jabagly (500 tenge à nouveau). Dernière possibilité : des trains circulent entre Chymkent et Tyulkubas. Si vous choisissez cette option, organisez votre transfert vers Jabagly en amont ; la gare de Tyulkubas se trouvant à l’extérieur de la ville, très peu de transports collectifs s’y arrêtent.
- Transports vers Almaty : le mieux est de réserver une couchette dans le train qui quitte Tyulkubas chaque jour en fin d’après-midi (en juillet 2019 : 16 h 30), pour arriver le lendemain matin à Almaty aux alentours de 6 h.
Ruslan pourra vous récupérer à Jabagly ou à la gare de Tyulkubas (ou inversement, vous y conduire). Prévenez-le quelques jours en avance.
S’évader dans les montagnes, plan B
Une alternative « petit budget » serait de visiter le parc national de Sayram-Ugam, situé non loin d’Aksou-Jabagly. Peu d’infos précises circulent sur internet : si vous organisez une virée sur place, n’hésitez pas à nous faire un retour !
Aksou-Jabagly, juillet 2019